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1493 – Adieu Cognac, le second paradis : un poème d’Octavien de Saint-Gelais
mardi 18 mars 2008, par , 1445 visites.
Octavien de Sainct-Gelais, poète, né à Cognac vers 1465
Toute association d’idées avec l’actualité récente ne saurait être que fortuite
Source : Bibliothèque françoise, ou Histoire de la littérature françoise ... des livres, publiés en françois, depuis l’origine de l’imprimerie ... - Claude-Pierre Goujet – Paris – 1745 – Books Google
Octavien de Saint Gelais étoit né à Cognac de Pierre de Saint Gelais, Marquis de Monlieu & de Saint Aulaye, & de Philiberte de Fontenay. Il est assez difficile de fixer au juste l’année de sa naissance. D’un côté notre Poëte déclare dans son Séjour d’honneur, qu’il dit avoir composé à l’âge de vingt-quatre ans, que Charles VIII avoit vingt deux ans lorsqu’il fut présenté à ce Prince. Il n’auroit donc eu que deux ans de plus que Charles, supposé qu il eût été présenté à ce Prince la même année qu’il composa l’ouvrage dont il s’agit.
Or l’on sçait que Charles étoit venu au monde le dernier de Juin 1470. Selon ce calcul il faudrait mettre la naissance de Saint Gelais en 1468. Mais d’un autre côté, il dit dans le même ouvrage, en parlant de la mort de Louis XI arrivée le 30 d’Août 1483 qu’il avoit vu ce Prince il n’y avoit pas six ans
En grant triumphe au Chasteau du Plessis.
Dans son recueil de poésies « Séjour d’honneur », j’ai retenu ce poème.
Ores congnoîs mon tems premier perdu ;
De retourner jamais ne m’est possible. De jeune vieulx, de requis esperdu, De beau très-lait, & de joyeulx taisible Suis devenu. Rien n’estoit impossible A moy jadis, hélas ! ce me sembloit. C’estoit abus qui caultement embloit Ce peu qu’avois pour lors de congnoissance Quant je vivois en mondaine plaisance. Entretenant mes doulces amourettes ; Amours m’avoit son servant accueilly, Portant bouquets de boutons & fleurettes Mais maintenant puisque porte lunettes. De Cupido ne m’accointeray plus, De sa maison suis chassé & forclus ; Plus ne feray ne rondeaulx, ne ballades ; Cela n’est pas restaurant pour mallades … Où j’ay passé ma premiere jouvence ; Ores vous pers car je suis venu vieulx : Aage a reçeu de moi pleniere rente ; En triste soîng convient que me contente ; Plus n’ay à gré les beaulx jours ne les moys. Adieu vous dy le pays d’Angoulmoys, Le plus plaisant qui soit dessoubs la nüe Plaindre m’en voys ma liesse perdüe. Chasteau assis sur fleuve de Charente, Où tant de fois me suis trouvé jadis, Mettant esbas & bonne chère en vente. Quand de tout me souviens & ramente, J’en ay le deuil qui passe tout plaisir Que j’eus jamais, & le tiens à loisir A digérer très cuysant & doubtable, Dont par regret suis servy à ma table, &c. |