Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1572 - Agrippa d’Aubigné - La Rochelle (17), de la Saint-Barthélemy au début du siège

Histoire Universelle - Livre VI, chapitres VII et VIII

dimanche 21 octobre 2007, par Pierre, 2821 visites.

La Saint-Barthélemy a eu lieu du 24 au 29 août 1572. En même temps que les nouvelles des massacres de Paris et de Bordeaux, les habitants de La Rochelle voient arriver des troupes, et avec elles, la montée des périls.

En novembre 1572, Armand de Gontaud-Biron, gouverneur de la ville va entamer un siège meurtrier et inutile auquel va participer la fine fleur de la noblesse de France.

Source : Histoire universelle - Edition publiée par la société pour l’histoire de France par le baron Alphonse de Ruble, Libr. Renouard - 1889.

L’amour et la pauvreté m’empêchant de me rendre à La Rochelle suivant mon premier dessein, je me mis à poursuivre la conclusion de mon mariage ; mais le chevalier Salviati, oncle de mon accordée, le rompit absolument, sur la différence de religion qui étoit entre nous, ce qui m’affligea si sensiblement que j’en tombai grièvement malade. Je fus visité durant ma maladie par plusieurs médecins,et, entr’autres, de Postel, qui me conseilla de me confesser pour empêcher que je ne fusse massacré par les catholiques ; ce que n’ayant pas voulu faire, il resta auprès de moi jusqu’à ma guérison, afin de rompre les mauvais desseins que l’on pourroit tramer contre ma vie. (Mémoires)

 CHAPITRE VII [1]. - Traictez de paix et quelques hostilitez.

De Xainctonge et de Poictou, avoyent porté dans la Rochelle ou confirmé les nouvelles du massacre quelques cinquante gentilshommes. Autant de ministres, et quelques huict à neuf cents soldats [2] les suivirent. Les Rochelois, en leur perplexité, demandoyent à Strosse conseil. Il leur avoit desjà par deux fois respondu ambiguement, quand un controolleur de la roine de Navarre leur apporta lettres du roi [3] contre l’admiral ; qu’il avoit voulu tuer, lui, ses frères et le roi de Navarre ; qu’il vouloit que les édicts fussent entretenus, qu’ils reçeussent Biron pour gouverneur et qu’il leur permettoit le presche dans la ville, quoique deffendu ailleurs. Ils respondirent qu’ils feroyent tout ce qu’on voudroit, pourveu que les forces de mer et l’armée de terre, qui les ruinoit, s’esloignassent [4]. Cependant, sous main ils firent imprimer un escrit qu’on attribuoit aux réfugiés, par lequel ils disoyent que le faict infâme et vilain commis à Paris ne leur pouvoit laisser croire que le roi eust trempé en telles meschancetez, qu’il n’avoit point violé la foi qu’il ne fust prisonnier des Guisarts, qu’on ne leur envoyoit rien qui ne fust sorti de mesme boutique, et que de ces puantes bouches sortoient le froid et le chaud ; qu’ils sont prests d’employer leurs vies pour la délivrance de leur roi. Biron [5], receu des députez de la Rochelle à Sainct-Jean, devant lesquels, les larmes aux yeux, il rendit grâces à Dieu de n’avoir point trempé en la journée sanglante.. Il leur remonstre la force qui leur venoit sur les bras avec leurs faiblesses : « Qu’ils chassent les nouveaux venus, et, pour marque d’obéyssance, seulement le reçoivent avec quelques uns des siens, pour quelques heures, en la ville. Le roi se contentera de cela, disoit-il, et les desseins qui sont tous prests estans rompus, vous ferez vos affaires à loisir. »

Les députez rapportèrent cela, et, le bruit estans que Biron estoit sorti à peine [6] de Paris pour avoir sauvé quantité de Réformez [7], la matière mise en délibération, les plus riches de la maison de ville et presque tous les officiers de la justice se bandoyent à cest accord, quoi que le peuple voulust autrement. Sur ce bransle, trois choses relevèrent les Rochelois : la première, le massacre de Bourdeaux [8], que Strosse avoit voulu retarder [9]. En ceste considération, une lettre [10] mal à propos du baron de la Garde [11], odieux aux Rochelois pour les massacres de Merindol et Cabrières [12] ; ceste lettre faisant mention qu’il estoit là pour les ruiner, s’ils n’obéïssoyent point à Biron. La troisiesme nouvelle apportoit de Montauban que, ceux de Castres ayans receu La Croisette, leur voisin et ami, comme ils pensoyent, ils avoient aussi tost esté volez et massacrez [13] ; et qu’ils prinssent garde à eux. A ces nouvelles, ils célébrèrent, au lieu de Biron, le jusne [14], font huict compagnies de leurs estrangers, chacun en prenant pour les nourrir, et donnent leurs gens de cheval à Sainct-Estienne [15].

Les Rochelois, cependant, ne laissèrent pas de recevoir lettres [16] de Biron, estant à Surgères, par lesquelles il promettait de faire eslongner les navires. Autres lettres du roi de Navarre comme gouverneur [17], du roi [18], de la roine [19], de Monsieur [20], pleines de courtoisies, et par courriers redoublez. Ils firent response à Ouarti [21], qui leur demandoit des avitaillements, et, de mesmes raisons, ils payèrent lui et le baron de la Garde. La response à toutes ces dépesches fut à demander l’eslongnement des navires, et que le trouble qu’on mettoit en ceste ville l’empeschoit de pouvoir traicter.

Encore on despescha [22] Le Vijan [23], qu’on estimoit avoir crédit parmi eux, mais quand ils sçeurent que sa commission estoit de faire recevoir Biron gouverneur en la ville, ils rompirent tous propos avec lui ; et lui s’en retourna [24] à Sigoignes [25], où de là, à quelques jours, Guimenières [26], lieutenant de Sainct-Estienne, le chargea ; là il fut blessé [27], deux de ses hommes tuez et son bagage pris. Guimenières incontinent mis prisonnier, il y eut diverses opinions en la ville. Quelques uns des plus gros, qui vouloyent traicter avec Vijan, exaggéroyent ce faict ; le peuple, qui se résolvoit à la guerre, vouloit que ce fut un juste butin [28].

Ceste brouillerie fit perdre aux Rochelois Sainct-Estienne et Guimenières, et avec eux quelques braves gentilshommes, qui se retirèrent sous l’asseurance de Biron. Et, afin que ceste manière d’asseurance portast plus de coup, on [29] despesche deux édicts, l’un dessus [30] l’autre, pleins de faveur et assurance à tous ceux qui se voudroyent retirer. A cela, plusieurs espousèrent leurs maisons, prenant pour raison envers leurs compagnons , premièrement, la nécessité où ils estoyent surpris, et puis qu’ils espéroyent faire mieux pour leur parti de solliciter les grands et se joindre à eux que de s’enfermer en une ville parmi un peuple estonné, plus propre à offenser ceux de dedans que ceux de dehors, comme il paroissoit [31] en la condamnation d’une action de guerre, de laquelle l’exemple estoit frais.

Là-dessus despesches en Angleterre [32], au vidasme [33] et au comte de Montgommeri [34] par Pardillan [35] et le ministre du Moulin, tous deux choisis pour leur fidélité ; La Place [36] renvoyé encores et trois autres. Ceste despesche sçeuë par quelque mauvais citoyen, Biron receut commandement de faire la guerre, si on le refusoit encores une fois. De plus, pour haster les affaires, il arriva que Paul Emille [37], voulant recognoistre le havre de la Rochelle, accompagné d’autres Italiens et de quelques ingénieux [38], vint avec deux galères à Chef-de-Bois [39], où il en laissa une à l’anchre, et lui, dans là fiasque [40], vint à la portée du canon, envoyant quelques lettres chargées de négociations, pour sous ceste couleur faire sa visite. Ses messagers retenus trop longtemps, il voulut regaigner l’autre, mais un vent de sud ouest l’empesche, et, sur le soir, douze vaisseaux, qui alloyent en Ré sous la charge des Essarts [41] pour saisir l’isle, accostèrent premièrement sans bruit la galère ; et, là dessus estans découvert, crient liberté aux forsats, qui abandonnent les rames, quoi qu’on les tuast. Paul Emille ne laissa pas de se bien défendre, mais ses principaux tuez et lui blessé en deux lieux, il fut amené avec sa galère prisonnier, les forsats congédiez, et l’autre se sauva [42].

Environ ce temps, Monts en Hainaut rendu, comme nous dirons, La Noue, qui estoit dedans, ne sachant à qui se vouer, fut courtoisement receu du duc de Longueville [43], par lui mené à Paris et veu secrettement chez Gondi [44]. Là, le roi, après avoir haut loué sa probité, sa valeur et sa modestie aux affaires générales, le pria de s’employer à son service, surtout travaillant à sauver les Rochelois, lui promettant leur donner cause de contentement, et, attendant plus grande preuve de sa bonne volonté, il donna, pour l’amour de lui, main-levée aux biens de Teligni, son beau-frère. La Noue ne put tant s’excuser que le roi ne lui fist entendre sa résolution, qui estoit de lui enjoindre à entreprendre le voyage, à la charge qu’il ne seroit obligé à rien indigne de son honneur. On lui donne l’abbé de Gaidagne [45] pour compagnon, espie ou conseillier. On les arresta [46] à Tadon [47], où les députez [48] de la ville, ayans entendu l’exposition de son voyage, lui dirent qu’ils pensoyent trouver La Noue, mais qu’ils ne le voyoyent point, que celui à qui ils parloyent avoit beau lui sembler de visage, qu’ils ne le cognoissoyent point pour La Noue. De là à deux jours, ils le renvoyent avec reproche. La Noue leur monstrant le bras perdu à leur service, eux répliquèrent : « Il nous souvient bien d’un La Noue, duquel le personnage estoit bien différent de celui que vous jouez ; c’estoit nostre grand ami, qui, par sa vertu, expérience et constance, deffendoit nos vies, se couronnoit d’honneur et n’eust pas voulu nous trahir par belles paroles, comme fait celui à qui nous parlons, semblable de visage et non de volonté. » Il fit tant par patience pourtant qu’ils le receurent dans la ville [49], où on lui proposa et conseilla de trois conditions l’une : ou s’il vouloit demeurer en son privé, ils lui offrirent logis et moyens selon leur pouvoir ; s’il vouloit estre leur général, obéissance de la noblesse et d’eux ; s’il aimoit mieux aller en Angleterre, un navire équippé. Estant retiré avec Gadaigne, et ayans consulté les dangers où il estoit, et surtout cestui-là, qu’il ne se pou-voit conduire en façon qu’il ne parust infidelle au roi ou à ce peuple, la mort lui estant plus à désirer qu’une de ces réputations ; en fin, par l’advis de Gadaigne [50], il preint la charge offerte, sans toucher à la primauté du maire, où il se gouverna de façon que, tant qu’il fut dans la Rochelle, il n’estoit blasmable que de cercher trop les périls ; et quand il en fut hors, le roi eut contentement de sa gestion pour la paix, ce que je cotte pour chose très rare et hors du commun [51].

 CHAPITRE VIII.- Du siège de la Rochelle jusques à la fin de l’année.

Toute espérance d’accord perdue, La Noue y ayant failli au commencement de novembre [52], l’armée ayant fait monstre [53], l’ordre du siège fut ainsi arresté : Biron, comme gouverneur de la ville, avec l’infanterie du Strosse, s’approcheroit de la ville ; que le comte de Lude [54] attaqueroit Marans [55]. Le capitaine Normand [56], avec trois compagnies de gens de pied et cinquante chevaux, ayans quitté l’isle et pensans gaigner la Rochelle, Biron, qui le trouva en son chemin, le contraignit de se jeter dans la Grimaudière [57], où il n’y avoit qu’un corps de logis et de meschantes tourelles. Quelque tard qu’il fust, on le somme, et lui, se moquant et se jouant avec refus, on jette par terre la tourette de main gauche, et, le jour se couchant là-dessus, Normant, perçant par les Marests, gaigna la ville avec ses gens de pied. Virolet [58], qui ne le voulut pas suivre, fut pris et mis à rançon, laquelle ne pouvant payer, il prit parti en l’armée du roi, qui ce jour vint loger à Pilleboreau et Roncée [59], les plus près à une lieue et demie de la ville. Là, les assiégez faisoyent divers dommages à leurs ennemis, par la cognoissance des lieux et par surprises ; prirent entre autres Saincte-Colombe [60] ; la plus-part de ces galenteries pour donner moyen à ceux de la ville d’emmener le reste de leurs vendanges, desquelles ils serrèrent vingt-cinq mille muits de vin. Sainct-Martin, luthérien [61], arrivoit au siège avec huict cents arquebusiers fort estimez ; la cavallerie de la Rochelle les rencontre en marchant ; Languillier, qui y commandoit, fait donner ses coureurs dessus, qui passent sur le ventre à tout cela, en tuent quelques trente, en emmènent quarante prisonniers, et mettoyent en pièces le reste, s’ils n’eussent gaigné les maisons.

De là à deux jours, ceux de la ville, allans cercher mesmes avantures, furent congnez rudement par les chevaux légers. Campet, depuis nommé Saugeon, voulant trop opiniastrer la retraicte, fut abbatu et emmené prisonnier au chasteau de Niort. Il se sauva bien à propos. L’armée se logea de ce pas dans la Fonds [62], entreprenant, pour le premier maneuvre, de coupper les sources, qui, de là, vont dans la ville [63]. Sur ceste besongne, sortent de la ville huict cents arquebusiers et soixante salades, qui attaquèrent plustost un combat qu’un escarmouche, que la nuict sépara. Ceux de dedans y laissèrent six bons hommes, en tuèrent vingt, et emmenèrent prisonniers deux capitaines en chef. Le lendemain, pour la défense des canaux, y eut un pareil combat, où en fin ils furent couppez ; qui ne fut pas si grand dommage aux assiégez qu’on eust pensé, pource qu’ils estoyent desjà accoustumez à boire des puits doux [64] et mesmes par ordonnance du maire, sur le soupçon qu’on leur avoit donné des sources empoisonnées. A la mi-décembre, ceux de la ville célébrèrent le jeusne [65]. Et, sur les derniers jours de l’année [66], Biron attaqua les moulins à vent au-dessus de Congne [67], à coups de canon ; où furent tuez ou prisonniers quarante soldats par opiniastreté. En un de ces moulins, un soldat seul enfermé composa à la vie pour lui et toute sa troupe et fut sauvé par sa galantise.

Aux féries de Noël [68], la cavallerie de la Rochelle donna jusques à Roncée, deffit quelques gens de cheval, ramena Fleurac blessé [69], qui, rapporté, mourut en la ville.

Cependant voilà la Rochelle demi assiégée, qui nous permet d’en faire le tour, pour en présenter, comme on peut, un tableau de paroles.

La Rochelle est estendue en long sur une crouppe platte, qui descent doucement des moulins, desquels nous parlions, jusques au havre, lequel se fait de plusieurs ruisseaux, qui, horsmis par la teste, mouillent les fossez de la ville, rencontrant ceux qui viennent du costé des salines et de devers la Jarrie [70], dans le havre par dessous la ville, estant fermée d’une ceincture de muraille, haute et garnie de tours à la mode ancienne ; sa chaîne soustenue de deux grosses tours qui en portent le nom [71]. Dans la ville, il n’y a place pour mettre en bataille qu’une, qui est celle du chasteau.

Outre le havre, y a une grande baye de demi-lieue de large, trois quarts de lieue de long, devers Coureille ; et d’une lieue, du costé qui s’estend à Chef de Baye [72]. Les fossez de la ville estoyent moyennement beaux, les remparts excellents depuis Congne jusques à Saint-Barthélemi, les murs de bonne estoffe. Les forts destachez estoyent tous aigus, petits et de peu de valeur ; celui de Congne, aigu outre mesure. En sortant à la main gauche, y avoit en la contr’escarpe un petit commencement de fort, portant le nom de La Noue, et, depuis, augmenté par lui ; plus bas et touchant à l’escarpe, celui de l’Évangile, non revestu, de peu de hauteur, et lors ne passant point cinquante pas de courtine. Puis il y a le bastion de la porte neufve [73], duquel les lattes [74] n’ont que trente-quatre pas. Les mottines et la marée, qui emplit deux fois le jour le fossé de ce costé, servent de deffense au reste jusques à la mer.

L’autre bande, qui est la droicte au sortir de Congne, estoit de difficile accès, pource que le mur et le fossé constituoyent une fort grande tenaille, sans remparts pourtant, et le ventre de ceste concavité, un marest, où, par la porte de Tadon, on mettoit, durant le siège mesme, paistre du bestail en seureté. A l’autre bout, qui arrive à Saint-Nicolas, y avoit une fort mauvaise fortification qu’ils appelloyent la tenaille ; et puis, entre là et une des tours du havre, une mauvaise pièce revestue, enfondrée dans la vase de la mer, nommée le Coyon par l’ingénieux Scipion [75], celui mesmes qui, ayant fortifié la ville, servit à l’assiéger. La courtine de la ville avoit de tour trois mille six cents pas bien comptez. J’ai tousjours dict en ceste description : qui estait, et non pas : qui est, ne rendant compte que de l’estât auquel la Rochelle a soustenu les efforts que vous verrez, et non pas celui du temps auquel j’escris, estant changée par tout en une des meilleures fortifications de l’Europe.

Là dedans s’enfermèrent neuf cents ou mille soldats estrangers [76], pour le plus, seize ou dix-huict cents habitans [77], qui pouvoyent tirer une arquebusade. Les plus apparents de Poictou, qui s’y jettèrent, furent Roche-Esnard [78], Les Essarts, Champagne [79], Le Chaillou [80] et La Musse [81]. Les meilleurs capitaines estoyent Normand, Sauvage [82], La Salle, Vaudorne et Lis [83]. Il y avoit dans la ville, que canons que coulevrines ; neuf pièces de campagne, trente-huict ; et soixante ou quatre-vingt fauconneaux, que verteuls que sacres ; huict vingt milliers de poudre, sans celle que, les moulins faisoyent. Avec cela le peuple se résolut au siège, fortifié par la bonne réputation de leur ville, par les gentilshommes et soldats estrangers, qui alloyent cercher leur péril, par les presches éloquents de cinquante ministres, et, plus que tout, par leur nécessité. Ce fut en la mairie de Jacques Henri [84], esprit et courage ferme, assisté de Salbert [85], par l’aide duquel les disputes d’entre la noblesse et les habitans sur les commandements furent esteinctes.

A ce labeur prindrent bonne part les pasteurs, mais sur tous Odet de Nord [86].

L’assiette de la ville estoit désadvantagée en ce que le terrier du dehors, comme l’on va à la Fonds, estoit naturellement plus haut que le sit de la ville. Ils avoyent pour remède les remparts de ce costé, si eslevez que La Noue les appelloit montagnes, et derrière, la grand’ place de bataille du chasteau [87].


[1Le numéro et l’en-tête du chapitre manquent à l’édition. ; de 1618.

[2De Thou dit qu’il arriva à la Rochelle 1,500 soldats (t. IV, liv. LIII, p. 647).

[3Ces lettres sont datées du 30 août 1572.

[4Les originaux des lettres de la ville de la Rochelle au roi, en date des 10 septembre et 29 septembre 1572, contenant de grandes protestations de dévouement, sont conservés dans le-vol. 15555 du f. fr., f. 84 et 135.

[5Les négociations de Biron avec les Rochelois pendant les mois de septembre et d’octobre 1572, avant le siège, sont racontées dans une série de pièces publiées par les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II.

[6A peine, avec peine, à grand’peine.

[7Biron avait sauvé la vie du jeune Caumont La Force à l’Arsenal (Mémoires du duc de la Force, t. I, chap. I).

[8Voyez ci-dessus, p. 350.

[9C’est-à-dire que Strozzi aurait voulu retarder et probablement empêcher le massacre de Bordeaux.

[10Elle est datée du 31 août 1572.

[11Strozzi et le baron de la Garde étaient à Brouage et avaient reçu, peu de jours après le massacre du 24 août, l’ordre de se rendre maîtres de la Rochelle. Voyez Arcère, t. I, p. 403.

[12Merindol et Cabrières, villages du Comtat, étaient habités par des hérétiques vaudois, que le parlement de Provence, par arrêt du 18 novembre 1540, avait condamnés. L’exécution de l’arrêt, longtemps retardée, fut enfin commencée le 1er janvier 1545 par les barons d’Oppède et de la Garde et poursuivie avec une barbarie épouvantable. Théodore de Bèze, dans le livre premier de l’Hist. ecclésiastique, a fait le récit de ces massacres.

[13Voyez plus haut, p. 353.

[14Cette phrase n’est pas plus claire dans l’édition de 1616 que dans celle de 1626. La première porte : « A ces nouvelles, ils receurent au lieu de Biron le jeune. » Arcère aide à comprendre d’Aubigné en nous apprenant, que le consistoire ordonna un jeûne général pour assurer le succès de la défense (Hist. de la Rochelle, t. I, f. 406).

[15Gilles de la Lande, seigneur de Saint-Estienne, gentilhomme poitevin, fils du seigneur de Vieillevigne, capitaine huguenot, fit longtemps la guerre en Poitou sous le commandement de La Noue, devint gouverneur de Fontenay et de Tonnay-Charente et mourut vers 1596 (Haag).

[16Ces lettres, datées du 26 septembre 1572, sont imprimées dans les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. I, f. 521.

[17La lettre du roi de Navarre est datée du 10 septembre 1572.

[18D’après La Popelinière, le roi envoya trois lettres aux Rochelois. La première, apportée par d’Audevars, maître d’hôtel de la reine de Navarre, est datée du 30 août 1572, la seconde du 8 septembre et la troisième du 14 septembre (liv. XXXI, p. 104).

[19Elle est datée du 19 septembre 1572.

[20La lettre du duc d’Anjou est datée du 19 septembre 1572. Toutes ces pièces sont imprimées dans les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. I, f. 515 et suiv.

[21Philippe de Warty, chevalier de l’ordre.

[22Il fut envoyé par le roi le 12 octobre (Arcère, t. I, p. 415).

[23François du Fou, seigneur du Vigean et de la Grousselière, gouverneur de la ville et château de Lusignan (P. Ans., t. VIII, p. 704).

[24Le 23 octobre 1572 (Hist. de la Rochelle, t. I, p. 415).

[25Sigogne, village auprès de la Jarrie, à trois lieues de la Rochelle.

[26Bejarry, s. de la Guemenière, frère cadet du s. de la Roche-Louherie, prit une part importante aux guerres civiles du règne de Charles IX. Comme La Noue, il y perdit un bras et se.fit : faire un bras de fer (Journal de Le Riche, 1846, p. 122, note).

[27En retournant vers Biron, du Vigean s’était arrêté à Sigogne. La nuit, les portes de la maison furent brisées, deux de ses compagnons blessés, lui-même laissé pour mort. Les agresseurs ; étaient des cavaliers de Guimenière, qui étaient postés à Bourgneuf (Delayant, Hist. de la Rochelle, t. I, p. 247 et 248).

[28La concision de d’Aubigné rend ce récit incompréhensible, mais Arcère nous l’explique. Guemenière, accusé de trahison, fut mis eu prison. Saint-Estienne prit parti pour lui. Il s’ensuivit une querelle, à la suite de laquelle Saint-Estienne et Guemenière se retirèrent (Arcère, 1.1, p. 416).

[29On désigne ici le roi.

[30Ces deux édits, datés, l’un, du 8 octobre, et, l’autre, du 28, sont imprimés dans les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. I, f. 549 et 577.

[31Ce membre de phrase, jusqu’à la fin de l’alinéa, manque à l’édition de 1618.

[32Le 22 octobre, le capitaine Languillier, au nom des habitants de la Rochelle, écrivit à lord Cecil pour demander du secours à la reine Elisabeth (Bulletin de la Société du prot. français, t. III, p. 143).

[33Jean de Perrière, vidame de Chartres.

[34D’après Arcère (t. I, p. 417, note), il s’agit ici d’un membre de la maison de Pardaillan-Berbezé de Panjas, dont parle le Père Anselme (t. V, p. 192). Nous croyons que, sous cette épithète le jeune Pardaillan, d’Aubigné désigne plutôt François de Ségur-Pardaillan, qu’il avait déjà désigné ainsi dans son récit du massacre de la Saint-Barthélémy.

[35Claude du Moulin, ministre de Fontenay-le-Comte depuis 1560, renommé pour sa science, s’était réfugié à la Rochelle. De retour à Fontenay, après la paix de 1573, il fut arrêté, s’évada, fut repris et pendu avec le capitaine Bizot en 1574 (Haag). Il ne faut pas confondre Claude du Moulin avec Pierre du Moulin, ministre réformé à Sedan, dont le Bulletin de la Société de l’hist. du prot. français a publié une intéressante autobiographie (t. VII, p. 170).

[36Jean de la Place, notable de la Rochelle.

[37Paul-Emile de Fiesque, gentilhomme génois, neveu du comte de Fiesque.

[38Ceux qui accompagnaient Paul-Emile, comme le dit de Thou (liv. LIII, p. 654), étaient Pierre-Paul Tosinghi, officier florentin, gouverneur de Saint-Jean-d’Angély, le Génois Gregeto Giustiniani et Ramelli de Pesaro, célèbre ingénieur.

[39Chef-de-Bois, cap à deux milles de la Rochelle. Plus loin d’Aubigné l’appelle Chef de Baye.

[40Fiasque, petit canot allongé.

[41Le seigneur des Essarts-Montalembert, capitaine de gens de pied du parti réformé.

[42Le coup de main des Rochelois sur l’île de Ré eut lieu le 8 novembre 1572 (Arcère, t.1, p. 422).

[43Léonor d’Orléans, duc de Longueville.

[44Albert de Gondy, comte, puis duc de Retz.

[45Jean-Baptiste Gadagne, dit l’abbé de Gadagne, bourgeois lyonnais d’origine florentine, agent de Catherine de Médicis, espion et négociateur (lettres de Henri IV, t. I, p. 292).

[46La lettre des habitants de la Rochelle à La Noue, par laquelle ils lui refusent l’entrée de la ville, mais l’engagent à venir à Tadon, est datée du 15 novembre 1572 (Copie ; f. fr., vol. 15555, f. 215).

[47Tadon, faubourg de la Rochelle ou petit village situé près de la ville à la porte Saint-Nicolas. La Noue et Gadagne y arrivèrent le 19 décembre 1572 (Arcère, t. I, p. 427).

[48C’étaient La Roche-Esnard, Maizeau, de Nort et Galbert (Delayant, t. I, p. 253).

[49La Noue entra à la Rochelle vers le 26 novembre 1572 et prononça une harangue qui est analysée dans l’Histoire des deux sièges de la Rochelle, p. 33.

[50Le récit des négociations ou intrigues de Gadagne remplit les correspondances sur le siège de la Rochelle insérées dans le tome II des Mémoires de l’estat de France sous Charles IX. Voyez aussi les lettres de Biron contenues dans le vol. 15556 du fonds français. Une lettre de Gadagne à Villeroy, en date du 9 janvier 1573, contient un résumé de toute sa négociation avec des détails nouveaux (Autogr., coll. Godefroy, vol. 258, f. 76).

[51La Noue entra en fonction comme gouverneur de la Rochelle le 23 décembre, et le 28 prêta serment en cette même qualité (Arcère, t. I, p. 431).

[52Les lettres patentes du roi déclarant le siège ouvert contre la Rochelle sont datées, suivant certaines copies, du 5 novembre, suivant d’autres du 6 novembre 1572.

[53La revue des troupes royales destinées au siège de la Rochelle eut lieu le 4 décembre (De Thou, liv. LVII).

[54Guy de Daillon, comte du Lude, gouverneur du Poitou.

[55A vingt-quatre kil. de la Rochelle.

[56Normand, capitaine huguenot, originaire de Rouen, avait fait ses premières armes pendant le siège de Chartres en 1568. On le trouve en Saintonge jusqu’au commencement du règne de Henri III, au premier rang des lieutenants de La Noue. D’après Haag, il est probable que son vrai nom était Bretin.

[57La Grimaudière, château fort, à moitié chemin de Marans à la Bastille (Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II, p. 97 v°). Arcère l’appelle la Gremenaudière (t. I, p. 433).

[58Virolet, capitaine de gens de pied, lieutenant de Normand, avait refusé de suivre son capitaine pour sauver ses chevaux (Arcère, t. I, p. 433). Rentré chez lui, il fut assassiné par un capitaine catholique, son ennemi personnel (Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II, f. 102 v°).

[59Strozzi vint camper à Pui-Liboreau, Goas à Rompsay, villages aux portes de la Rochelle (Arcère, t. I, p. 434).

[60Jean de Montesquiou, s. de Sainte-Colomme ou Sainte-Colombe, capitaine gascon, héritier d’Antoine de Lomagne de Terride.

[61Jean de Brichanteau, seigneur de Saint-Martin-de-Nigelles, premier arquebusier du roi, mort vers 1581 (Brantôme, t. V, p. 36). Il était d’Orléans. On le nommait le Luthérien, parce qu’il avait autrefois professé la réforme (Arcère, 1.1, p. 434, note).

[62Village situé à six cents pas de la Rochelle.

[63Cette escarmouche eut lieu le 13 décembre (Arcère, t. I, p. 434).

[64Des puits d’eau douce.

[65Il fut célébré le 16 et le 18 décembre 1572.

[66Ce coup de main eut lieu sur les huit heures du soir, le 24 décembre 1572 (Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II, f. 102 v°).

[67Arcère, d’après La Popelinière, appelle ces moulins les moulins de la Brande (t. I, p. 435, note).

[68Le jour même de Noël, d’après les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX (t. II, p. 103).

[69Ce capitaine se nommait Flogeac, d’après Arcère (t. I, p. 435), et était de Saintonge. A la nouvelle de sa mort, Biron poussa une singulière exclamation (Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II, f. 103).

[70La Jarrie, petite ville près de la Rochelle,

[71De Thou les appelle tours du Garrot (liv. LV).

[72Chef-de-Baye ou Chef-de-Bois. Voyez ci-dessus.

[73Probablement le bastion des Dames.

[74Latte, côté, latus.

[75Le Vénitien Scipion Vergano, du Frioul, ingénieur, avait été longtemps au service du parti réformé (De Thou). Il avait succédé à Robert Chinon, ingénieur du roi de Navarre (Haag, t. V, p. 497).

[76C’est-à-dire étrangers à la ville.

[77De Thou compte enfermés dans la Rochelle 1,300 hommes de troupes avec 2,000 habitants bien armés (t. IV, liv. LV, p. 761).

[78Le seigneur de la Roche-Esnard, gentilhomme saintongeois (Arcère, t. I, p. 422).

[79Champagne, capitaine huguenot poitevin, accompagna La Noue dans sa retraite, au mois de mars, lorsque La Noue abandonna la défense de la Rochelle. Il fut suivi par La Salle et Vadorne.

[80Chailloux était un gentilhomme du Poitou que Arcère représente comme ami de la paix (t. I, p. 471). Dégoûté de la guerre, il quitta la Rochelle le 26 mars 1573 (Mémoires de l’estat de France sous Charles IX, t. II, f. 174 v°.

[81Le capitaine La Musse, d’origine vendéenne, avait longtemps appartenu au parti catholique et avait embrassé la réforme par conviction et contre ses intérêts. Arcère le dépeint comme un homme d’honneur qui refusa de trahir la ville de la Rochelle (t. I, p. 450). Il fut blessé à mort, le 15 avril 1573, de trois arquebusades, et mourut le 19 du mois (Mémoires de l’estat de France, t. II, f. 236 v°).

[82Sauvage fut un des huit capitaines rochelais qui, au commencement du siège, levèrent chacun une compagnie de volontaires. Il remplit pendant le siège les fonctions de sergent-major, et fut tué à la fin de mars 1573 (Haag, t. V, p. 216).

[83Le seigneur de la Rivière-Le-Lys, capitaine de gens de pied.

[84Jacques-Henri, seigneur de la Maisonneuve et de Moussidun, maire de la Rochelle, personnage élevé sous l’amiral de Coligny , d’une fermeté indomptable, mais très violent (Arcère, t. I, p. 440).

[85Salbert, bourgeois de la Rochelle, ancien maire de la ville. Arcère le représente comme dur et cupide (t. I, p. 383).

[86Odet de Nort, né à Agen en 1540, ministre réformé établi à la Rochelle depuis le commencement du règne de Charles IX, gouvernait la ville par son éloquence enflammée. Il mourut en mars 1593. M. de Richemond a publié dans le Bulletin de la Société de l’hist. du prot. français (15 janvier 1887) une notice biographique sur lui.

[87Cette description du site et des fortifications de la Rochelle est empruntée à La Popelinière (1581, liv. XXXII, f. 116 v°) et à de Thou (liv. LV).

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