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1739 - Description de la ville de Cognac

mercredi 5 octobre 2011, par Pierre, 1039 visites.

Les anciennes descriptions de la ville de Cognac sont rares. L’auteur de cet article de la Revue de Saintonge et d’Aunis (N°20 - 1900) nous fait découvrir, en prime, quelques vers du XVIème siècle qui célèbrent la ville.

COGNAC EN 1739

Je dois à l’obligeance de M. Dujarric-Descombes, ancien président de la société archéologique du Périgord, la communication de cet extrait du deuxième volume des Voyages, manuscrits de Louis de Chancel, dit le chevalier de Lagranger Chancel, frère puîné de l’auteur des Philippiques, né à Périgueux le 20 septembre 1678. Il était ancien officier de marine, chevalier de Saint-Louis et commandeur de Saint-Lazare. Il mourut à Antoniac, paroisse de Razac, à quelques kilomètres de Périgueux, le 25 novembre 1747.

Vue de Cognac par Clerget
Source BNF Gallica
« 

De la ville de Coignac.


Berceau du roi François premier qui naquit dans son château, ville renommée par ses excellents vins blancs et ses eaux de vie, apanage de Mr le duc et la duchesse de Berry, située sur une hauteur qui descend doucement sur les bords de la Charante, entourée d’anciens remparts, avec des fossés taillés dans le roc, fort peuplée et très commerçante avec les estrangers. Le peuple très affable, la plupart encore calvinistes ; quantité de rues estroites, hautes et basses, avec un grand faux bourg séparé de la ville par un long pont de pierre de six arches, sous lequel passent les gabares et barques qui montent ou descendent la rivière. De ce pont je trouvai une porte ancienne flanquée par deux tours qui conduit, en montant d’une rue à la place du Marché, au haut de la ville, sur laquelle est un couvent de religieuses bénédictines et un couvent de cordeliers, ainsi que le minage. C’est le siège d’une élection de la généralité de La Rochelle, siège royal qui suit les coutumes de l’Angoumois, à sept lieues d’Angoulême. Outre la paroisse ornée d’un beau clocher qui se découvre de très loing, il y a un hospital, des recolets et une deuxième paroisse dans le faux bourg de là les ponts.

Son château royal, grand et magnifique, ouvrage commencé par Jean, comte d’Angoulesme, et fort advancé par François premier, son petit-fils, qui ne le put finir, est bâti solidement avec de fortes tours, des croisées, des balustrades et des ornemens à l’antique, mais fort négligé par ses gouverneurs messrs comtes d’Aubigni, de Rions, duc de Richelieu, qui tirent douze mille livres par an, ainsi que les grands gouvernements n’y font point quasi de séjour, quoiqu’il y ait un beau et grand parc garni de bois, d’estans, de prairies et de gibier et bestes fauves. 11 est entouré de murailles et a environ une lieue de circuit.

On met toujours de la cavalerie ou des dragons en quartier à Coignac à cause de ses pâturages. On a joint à Coignac la chatellenie de Marpins, où j’ai esté, lieu quasi abandonné, quoiqu’on y voye les restes d’un chasteau qu’on assure avoir esté bâti par Charlemagne.

Henri trois d’Angleterre s’empara des chatellenies de Coignac et de Marpins, et ensuite tombèrent aux comtes d’Angoumois. Le maire et les échevins ont la direction de la police. Louis treize y establit l’élection.

De Coignac je fus au château d’Ars, qui a titre de marquisat ; il contient de vastes logemens, mais qui n’a rien de remarquable. Le seigneur de la maison de Sainte-Maure, comme capitaine de vaisseau, avec lequel j’avois servi dans le Juste en 1705, m’y régala ; puis je visitai Marpin..... »

La page qu’on vient de lire n’est pas en tout point d’une exactitude scrupuleuse. On pourrait notamment y reprendre cette allégation qu’en 1739 les habitants de Cognac étaient, en majorité, calvinistes. La ville n’était pas si peuplée que le chevalier de Lagrange-Chancel veut bien nous le dire. Sa description n’en est pas moins curieuse et valait la peine d’être publiée.

Les anciennes descriptions de Cognac sont rares. Citons au XVIe siècle les vers latins du Cognaçais Jacques Babin, qui débutent ainsi :

Est urbs Cogniacum proprio quam nomine dicunt

Indigenae, Engolei existens in fine ducatus.

On trouvera cette pièce dans l’Almanach de Cognac de 1860, qui promettait un prix consistant en un abonnement perpétuel à cette publication depuis sa fondation, à l’auteur de la meilleure traduction en vers français. L’Almanach de 1861, qui fut le dernier, publia une traduction signée Eug. Giraudias fils, une autre en vers patois signée Pierre Lagarenne, dont voici le début :

Au fin bord dau duchet angoumoêsin, ol at

Ine ville, noumée en le pays Cougnat.

On sait que Pierre Lagarenne est un des nombreux pseudonymes du regretté Marc Marchadier, qui fit suivre sa traduction patoise d’une autre en vers français signée Marc-Marc et de ce joli triolet signé M. M. :

O vieux Babin, à te traduire,

Tu m’as fait perdre mon latin,

Et j’ai cassé ma pauvre lyre,

O vieux Babin, à te traduire !

Mais, si mon français prête à rire,

J’ai mon excuse sous la main :

O vieux Babin, à te traduire,

Tu m’as fait perdre mon latin.

Il y a aussi à la bibliothèque de Cognac le seul exemplaire connu de l’Entière description de la ville de Cougnac (Saintes, Bichon, 1625, in-12, 24 pages), dont l’auteur est le poète cognaçais, Bertrand Bernard de Javerzac. La Revue, XVII, 371, en a donné une strophe (ci-dessous).

J. P.

Icy la prodigue Cérès

Par les païsans adorée

Fait naître une moisson dorée

De la graisse de nos guérets

Le vin y croist en abondance

Et y surpasse en excellence

Le meilleur cru de Frontignac

Et Bacchus, ce parfait yvrongne

N’aime à pindre sa rouge trongne

Que du vermillon de Cougnac.

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