Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1812 - Le desséchement des marais d’Aunis et de Saintonge, la suite d’un vieux projet

lundi 26 mai 2008, par Pierre, 1210 visites.

Cette affaire remonte à Henri IV, et a bien du mal à aboutir. Aussi le gouvernement impérial a décidé d’y mettre les grands moyens, avec une main d’œuvre bon marché et abondante à cette époque : les déserteurs et les prisonniers de guerre. On sait aujourd’hui que beaucoup y ont laissé la vie.

Après le rappel de l’historique, il est plus particulièrement question ici des marais de Rochefort.

Attention : la propagande impériale est très présente dans ce document !

Une affaire à suivre sur Histoire Passion, avec d’autres textes réglementaires et des informations spécifiques aux marais de Saintonge et d’Aunis.

Source : Travaux des ponts-et-chaussées, depuis 1800, ou, Tableau des constructions neuves faites sous le règne de Napoléon Ier., en routes, ponts, canaux, et des travaux entrepris pour la navigation fluviale, les desséchemens, les ports de commerce, etc. - Sébastien-Michel Courtin - Paris - 1812 - Books Google

 Desséchemens

Le règne d’Henri IV peut nous servir de point de départ pour les travaux de desséchemens. Les factions que ce monarque eut à combattre avant de monter sur le trône, les troubles qui agitèrent son règne, les désordres qu’il eut à réprimer, n’arrêtèrent point ses vues pour toutes les créations et les améliorations qui importaient à la félicité de ses peuples. Ses prédécesseurs ne lui avaient point tracé la route à suivre pour la plupart des grands travaux qu’il ordonna ; il fallut créer ; il fat en cette partie merveilleusement secondé par son ministre Sully.

Par son édit de 1599, il annonce. « que la force et la richesse des rois et princes souverains consistent dans l’opulence et dans le nombre de leurs sujets ; que le plus grand et légitime gain et revenu des peuples procède principalement du labour et culture de la terre. »

II parlait du bonheur de ses peuples comme il aimait à le répandre, pour l’augmenter, il en trouvait un moyen dans une de ces grandes opérations que réclament l’agriculture et la santé des peuples.

Mais, n’ayant, reçu aucune offre de la part de ses sujets pour les grands dessèchemens qu’il avait en vue, et sur lesquels on avait très-peu de connaissances en France, il accueillit les propositions du sieur Humfrei Bradlei, brabançon, et il ordonna que tous les palus et marais de son domaine seraient desséchés par cet étranger. Il lui donna la même autorisation pour les marais de tous ses sujets, lorsque ceux-ci auraient déclaré qu’ils ne voulaient pas faire eux-mêmes les travaux nécessaires.

Il exceptait cependant de ce dessèchement les marais salans, les étangs ou pêcheries, les eaux nécessaires dans les fossés des villes, châteaux et places de guerre. Il fit plusieurs autres exceptions que dictait la prudence, en sorte qu’il n’y eut de compris dans le privilège accordé à l’entrepreneur, que les marais proprement dits couverts d’eau, et qui, par leur insalubrité, faisaient déserter leurs rives.

Pour encourager l’entreprise, il accorda au sieur Bradlei et à ses associés la moitié des terrains desséchés.

Cet édit contenait les dispositions les plus encourageantes pour les entrepreneurs et en même tems les plus sages pour les intérêts des particuliers dont on livrait les propriétés au desséchement mais qui en conservaient une partie que les travaux rendaient meilleure, et d’une plus grande valeur que n’était auparavant la totalité.

Toutes les difficultés qui pouvaient se présenter lors du dessèchement avaient été prévues et l’on prît des mesures qui paraissaient devoir les lever. Cependant à l ouverture des travaux les entrepreneurs rencontrèrent beaucoup d’oppositions. On rendit successivement plusieurs édits pour les maintenir dans leurs privilèges et faire continuer les travaux.

Henri voulut suivre ses grands desseins. L’homme qu’il avait appellé était, par ses connaissances hydrauliques et ses talens capable de les accomplir. Il reçut tous les encouragemens qui peuvent flatter l’amour-propre des hommes et exciter leur émulation.

La puissance et la ferme volonté du Roi le soutinrent. Il fit des travaux considérables dans le Poitou, l’Aunis et la Saintonge mais malheureusement Henri ne put échapper au fer des assassins, et l’entrepreneur lui même mourut peu d’années après.

Plusieurs compagnies succédèrent au sieur Bradlei qu’Henri IV avait nommé maître des digues. On fit d’assez grands travaux ; mais les difficultés qu’éprouvèrent les entrepreneurs de la part des propriétaires, et quelquefois les prétentions exagérées qu’ils élevèrent eux mêmes nuisirent à la confection des travaux.

Louis XIII rendit plusieurs édits pour faciliter ces entreprises. Le parlement de Paris y ayant aperçu quelques dispositions contraire aux intérêts des particuliers fit des représentations et refusa l’enregistrement.

Le Roi adressa au parlement des lettres de jussion, et rendit une déclaration qui modifia ses édits et ceux de son père : alors les cours enregistrèrent cette déclaration modifiée.

L’entreprise eut un assez grands succès ; cependant les procès recommencèrent et retardèrent les travaux. Louis XlV chercha à applanir les difficultés. Il restreignit et régla les pouvoirs donnés aux compagnies qui avaient succédé au sieur Bradlei. On vit quelques terrains rendus à l’agriculture.

Il rendit plusieurs autres édits qui tous tendaient au même but, entre autres celui de 1644 pour la construction d’un canal de desséchement dans le Languedoc.

Plusieurs compagnies se présentèrent pour les desséchemens dans les provinces de Saintonge, Angoumois et du Poitou ; elles en obtinrent le privilège : le clergé fit aussi des entreprises qui excitèrent des réclamations et donnèrent lieu à des procès interminables.

Il en fut de même sous le règne de Louis XV, qui renouvela les privilèges accordés par les rois ses prédécesseurs.

On fit beaucoup de travaux partiels ; il n y en eut point d’une grande étendue ; les entrepreneurs qui se présentaient étaient trop bornés par leurs faibles moyens ; souvent même il s’en est trouvé qui ne devaient qu’à la faveur les ressources qu’ils entrevoyaient pour réparer leur fortune ; d’autres, sans avoir les fonds nécessaires pour conduire l’entreprise à sa fin, ne calculaient que sur les ventes des premiers terrains desséchés pour arriver au terme, en desséchant et vendant successivement ; d’autres enfin, abusant de leurs privilèges, étendaient leurs prétentions en exagérant les concessions qui leur étaient faites. Ils excitaient des plaintes et de vives réclamations qui faisaient naître des contestations, soit entre particuliers, soit avec le domaine.

L’Assemblée constituante s’occupa aussi de cet objet essentiel. Elle régla par un décret du 26 décembre 1791 les droits des entrepreneurs, des desséchemens, et ceux des propriétaires qui ne voudraient pas se charger de dessécher leurs terrains.

Cette loi resta sans exécution par les désordres qui suivirent cette époque.

Depuis quelques années cette partje essentielle de la prospérité publique a excité la sollicitude du Gouvernement. Les difficultés éprouvées lors des anciennes entreprises et les obstacles opposés à leur exécution, ont seryi de leçons et de règles pour éviter les contestations et appaiser les murmures.

La loi du 16 septembre 1807, paraît avoir prévu tous Ies cas litigieux ; et si l’on ne réussit pas toujours à les éviter et à les empêcher même de naître, il faut s’en prendre à la disposition naturelle de certains hommes qui ne s’arrêtent qu’à ce qui peut froisser leurs intérêts, sans fixer leur attention sur les avantages qui peuvent les dédommager.

Le sage édit d’Henri IV, de 1599, a servi de base à cette loi, sauf les modifications que la différence des tems et l’expérience ont fait juger nécessaires.

Ainsi cette loi établit des règles pour la fixation de l’étendue, de l’espèce et de la valeur estimative des marais avant le desséchement, et celle qu’ils ont acquise lorsque les travaux sont terminés.

Elle règle aussi Ies indemnités dues aux propriétaires en cas de dépossession. L’édit d’Henri IV accordait aux entrepreneurs la. moitié des terrains desséchés, maintenant le montant de la plus-value, après le dessèchement, est divisé entre le propriétaire et le concessionnaire dans les proportions fixées par l’acte de concession, et lorsque ce dessèchement est fait par l’Etat, sa portion,, dans la plus-value, est fixée de manière à le rembourser de ses dépenses.

L’Etat ou le concessionnaire ne se remboursent point nécessairement en s’emparant d’une partie du terrain desséché ; cette mesure ressemblerait trop à une éviction forcée ; elle est facultative de la part du propriétaire qui peut se libérer, soit en délaissant les fonds en nature , soit en constituant une rente à quatre pour cent, et toujours remboursable, même par portions, qui cependant ne peuvent être moindres d’un dixième, et moyennant vingt-cinq capitaux.

Toutes les contestations qui peuvent s’élever avant, pendant et après le dessèchement, sont portées devant une commission composée de sept commissaires pris parmi les personnes qui sont présumées avoir le plus de connaissances des localités et des objets sur lesquels ils ont à prononcer. Ils sont nommés par l’Empereur.

Ces commissions ne peuvent cependant juger les questions de propriété ; ce sont les tribunaux ordinaires qui en sont saisis ; mais dans aucun cas, les opérations relatives aux travaux, ou l’exécution des décisions de la commission ne peuvent être retardées ou suspendues.

Le Gouvernement prévoyant la difficulté des grands desséchemens par des compagnies particulières qui ne peuvent faire les avances considérables qu’exigent des entreprises aussi vastes, en a ordonné plusieurs que depuis plus d’un siècle commandent l’intérêt de l’agriculture et l’insalubrité des terrains marécageux.

Il faît les avances des fonds ; il ’règle les travaux sur les projets qui lui sont présentés, et qui peuvent conduire à une prompte exécution ; pour leur donner l’activité nécessaire, on y emploie des prisonniers de guerre et des déserteurs, Ïorsque toutefois le nombre des ouvriers du pays est insuffisant. Dés règlemens sages préviennent les dangers auxquels pourrait exposer une pareille réunion d’hommes : on y a établi une surveillance dont la sévérité diffère par l’espèce des individus ; les traitemens qu’ils éprouvent devant être pour les uns ce qu’exige la justice, et pour les autres ce que commande l’humanité ; car. on ne peut assimiler ceux qui ont fui les combats à ceux qui s’y sont| présentés, et que le sort des armes a livrés au yainqueur.

Les uns expient une faute, dont leur bonne conduite sur les travaux peut leur faire obtenir le pardon.

Les autres y trouvent une ressourc çontre le désœuvrement, et une rétribution qui rend leur situation moins pénible.

On a soin de les séparer sur les travaux, et surtout d’entretenir l’opinion qu’ils peuvent avoir des motifs qui les y conduisent. On a été en générai assez content des travaux des prisonniers de guerre.

Plusieurs desséchemens sont maintenant en exécution.

 Marais de Rochefort.

Ceux de Rochefort ont été entrepris depuis l’an. II. On connaît depuis longtems l’indispensable nécessité des desséchemens de ces marais, dont l’insalubrité a dévoré beaucoup d’habitans de ces contrées, et un grand nombre d’hommes attachés au service de la marine militaire. Louis XVI en avait ordonné le desséchement le 30 octobre 1782 ; mais les travaux faiblement entrepris ne donnèrent aucun résultat. Le Gouvernement actuel n’éprouvera point le reproche fait depuis si longtems aux précédens, d’avoir absolument négligé une opération aussi importante pour la santé des habitans, et sur-tout pour la ville de Rochefort.

On compte déjà parmi les travaux terminés, le curage du Canal de Brouage, sur près de 16,000 mètres (4 lieues) de longueur, avec la construction de deux écluses, l’une à l’embouchure du canal dans la mer, l’autre à celle de la Bridoire. Ce canal concourt non-seulement au dessèchement des marais, mais encore il forme un canal de navigation, et sert à différens transports de vins, d’eaux-de-vie, et de bois de construction.

Le hâvre de Brouage, qui fait la continuation du canal, avait un grand besoin d’être curé ; il était impraticable, même pour les plus faibles allèges ; il est actuellement en bon état.

On a construit des digues sur les deux rives de la Charente depuis l’embouchure du canal de Brouage, jusqu’au fort Lupin.

Les rues de Rochefort ont été. pavées presqu’entièrement, et l’on y a construit treize fontaines.

Plusieurs autres grands travaux sont entrepris, tels que le curage du canal de Charras, avec un pont éclusé à son embouchure ; le redressement et le curage des canaux de Pont-l’Abbé, d’Amont, et de Champagne ; la restauration du château d’eau de Rochefort.

La construction d’une digue à la mer, entre Fouras et le fort Valon.

Le pavage de la rue des Treilles, à Rochefort et les travaux d’assainissement, depuis l’Hôpital de la marine jusqu’au chenal de la batterie de canons.

La construction de l’écluse du port neuf à l’embouchure de la Boutonne, et le dessèchement des marais formés par cette rivière.

Il y a plusieurs autres travaux à exécuter pour terminer cette vaste entreprise , dont la dépense, a été portée à 6,248.000 fr, et sur laquelle on a dépensé 1,660,000 fr. ; on peut présumer, d’après l’activité qu’on met à l’exécution des travaux, que dans peu d’années ils seront terminés.

M. Champion de la Bretonnière, ingénieur en chef, et M. Masquelez, ingénieur, sont chargés de l’exécution des travaux, sous l’inspection de M. Le Clerc, inspecteur divisionnaire.

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