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1729 - Mémoires sur l’hôpital Saint Jacques de Cognac (Charente)

samedi 10 novembre 2012, par Pierre, 618 visites.

En 1729, l’hôpital, situé dans le faubourg St Jacques de Cognac, est l’objet de rivalités entre le corps de ville (le maire Menet et les échevins), le curé du faubourg, et l’administration centrale (le lieutenant général Fé et le procureur du Roi).

Plusieurs mémoires sont adressés à l’Intendant de la Généralité de La Rochelle pour lui rendre compte de la situation. Ils nous permettent de visiter l’établissement. Avec quelques subventions et travaux, il pourrait devenir un hôpital digne de ce nom.

Source : Archives Départementales 17 - H86 - Transcription : Pierre Collenot

Au sujet de cet hôpital de Cognac, voir sur Histoire Passion :
- 1723 - L’hôpital Saint-Jacques de Cognac
- 1757 - 1775 - Cognac : la grande misère de l’hôpital Saint-Jacques

 Memoire concernant l’hopital du faubourg St Jacques de la ville de Cognac

Cet hospital n’est autre chose qu’une maison appartenant à la communauté destinée pour la retraite des passans, et dont la direction a toujours appartenu au maire et eschevins de laditte ville.

En 1682 lesdits maire et eschevins se proposerent d’eriger ledit hospital en hospital general, pour cet effet ils establirent un Bureau qui devoit estre composé de douze administrateurs qui devoient prendre soin des pauvres malades, sans qu’on pust recevoir dans ledit hospital aucun passant, ce qui devoit s’executer a la diligence desdits maire et eschevins.

Ce projet n’ayant eu aucune execution, les pauvres malades de laditte ville et faubourg nayant receus aucuns secours de cette nouvelle erection, cela ne fit que fournir pretexte au curé desdits faubourgs, aumonier dudit hospital, de refuser la retraite aux passans et de se servir de laditte maison à son usage particulier. En sorte que lesdits maire et eschevins touchez de compassion et charité pour lesd pauvres passans qui couchoient sous les halles et sur le pavé delibererent qu’attendu l’inexecution dudit projet, ledit hospital retourneroit en nature de simple hospital pour les passans, qu’à cet effet il seroit simplement administré par deux oeconomes suivant l’ancien usage, et un hospitallier qui receuvoit lesdits passans sur le billet du sieur maire.

Ainsy le pretendu Bureau anciennement estably ayant esté revoqué, le maire, le procureur sindic et le greffier de l’hotel de ville avec deux oeconomes, au lieu desdits douze administrateurs, ont depuis ce temps là dirigé et administré les affaires dudit hospital, qui n’a plus servy que de retraite aux passans en execution de laditte deliberation, mais comme il y eut au même temps un changement presque general dans l’hotel de ville dudit Cognac par la creation de nouvelles charges, les nouveaux officiers soit qu’ilz ignorassent les droits du corps de ville, ou par abus souffrirent que les sieurs lieutenant general, et procureur du Roy du Siège, ayent assisté à leur assemblée particuliere concernant ledit hospital.

Depuis ce temps là le Roy en supprimant les nouvelles charges ayant remis les villes en communauté dans leur ancien droit et privilege, et ordonné qu’elles seront administrées comme auparavant, lesdits maire et eschevins ne pouvoient moins que jamais s’attendre d’estre troublez dans cette administration, surtout apres l’arrest du Conseil d’Estat du Roy du 22e aoust 1718 rendu en forme de reglement pour l’hotel de ville de Cognac par laquelle Sr Fé lieutenant general a esté deboutté de ses pretentions.

Cependant au prejudice de cet arrest, des anciens titres dudit hotel de ville, et de la possession desdits maire et eschevins, ledit Sr Fé pretend aujourdhuy non seulement devoir assister aux assemblées de ville concernans ledit hospital mais encore leur oster entierement la direction et administration. Jusque là quil auroit empeché le Sr Bernard oeconome dudit hospital de se trouver jeudy dernier à l’assemblée generale convoquée en execution des ordres de Monseigneur l’Intendant pour reputer les titres et papiers concernant les revenus, et en prendre les eclaircissemens que desire avoir S. A. R. et monseigneur le Garde des Sceaux, en sorte que ledit Bernard auroit absolument refusé d’obeir et de representer lesdits papiers. Sans autre raison que les pretendues deffences à luy faittes par led. Sr Fé au moyen de quoy lesdits maire et eschevins se trouvent au même temps dans la necessité d’avoir un nouveau procez avec led. Sr Fé, et dans l’impossibilité de donner quant à present aucuns eclaircissement au sujet des revenus dudit hospital, mais seulement de sa qualité, sa situation, ces batimens suivant le devis cy joint de la maniere qu’il a esté administré jusqu’à present et du nombre des pauvres qui peuvent y estre logez, que nous estimons estre au nombre de cent dont la subsistance ne seroit pas beaucoup à charge au Roy, ny au public, pour peu que leurs traveaux soient bien dirigés.

Menet, maire, et 6 autres signataires.

 Memoire concernant l’hospital de la ville de Cognac

L’hospital est à l’entrée du fauxbourg de Cognac, peu esloigné du pont, on y entre par une grande porte sur la rue ; on trouve dabord une cour assés grande et bien renfermée de murailles ; à la droite en entrant est une chambre basse d’environ 18 pieds en carré où loge Leonnard Fouque gardien avecq sa famille, une antichambre ou descharge a costé, chambre haute sur lad. chambre basse avecq son antichambre.

Plus loin est la chapelle, son autel, sept bancqs, un tableau, on dit qu’elle n’est pas benie.

A costé de la chapelle est un degré de bois quy conduit à une gallerie bien fermée quy est au dessus de lad. chapelle et de la et de là aux chambre et antichambre dont il vient d’estre parlé.

Dans le fond de la cour, au nord, on entre dans un petit vestibulle, à la droite duquel est une chambre basse de 20 pieds en carré, au dessus de laquelle est une chambre haute de mesme grandeur à laquelle on va par le degré de bois quy est a costé de la chapelle ; elles ont leurs cheminées.

A la gauche du vestibulle est une grande chambre basse bien carrellée de trante cinq pieds ou environ de longueur et de vingt pieds et plus de largeur, avecq une grande cheminée. Il y a quatre meschants chaslits.

On peut mettre six lits de chaque costé. Il n’y a point de chambre haute par le dessus en eslevant les murailles de sept à huit pieds, on y feroit une belle chambre haute ou un grenier.

De cette chambre basse on entre dans un jardrin renfermé de murailles ausquelles il y a quelques breches a reparer.

Entre la chambre et le jardrin estoient autrefois des latrines ruinées que l’on peut reparer.

A la gauche de la cour est une grange de vingt cinq pieds et plus de largeur et de soixante pieds ou environ de longueur ayant une grande porte de sortie sur la rue, la moitié ou environ est planchée, on peut plancher le reste, et on plasseroit 20 lits en bas et autant en haut. Il n’y auroit que des cheminées à faire.

Au bout de lad. grange est un petit bastiment avecq huit à dix journaux de terre joignant au jardin de l’hospital, appartenant à la Dlle Bauchesne et ? (on peut le joindre à l’hospital)

Il n’y a point de pauvres de la ville ny d’ailleurs dans led hospital, les passans et vagabonds y logent sur des billets du Sr Delafargue, led maire.

On ne peut dire le temps que led hospital a esté estably on sait seullement qu’il s’apelloit autrefois aumosnerie ou hospital de St Jacques destiné pour retirer les pellerins.

Le curé du fauxbourg de St Jacques de Cognac pretend estre aumosnier dud hospital ce quy luy est contesté par les maire et eschevins.

Les maire, eschevins et procureur sindic de la ville ce disent estre de tout temps les directeurs dud hospital et qu’ils ont nommé les economes suivant la preuve quy resulte de leurs registres jusques en 1684. En cette année là le père Horan jesuite voullant faire de cette aumosnerie un hospital general, fit faire dit on une assemblée du corps de ville, des officiers et des habitans de Cognac où assista Mr l’evesque de Saintes et dans laquelle il fut deliberé que M le Gouverneur, Messieurs le Lieutenant general , le maire, le procureur du Roy du siege de Cognac et quelques autres seroient les directeurs dud hospital general et nommeroient des economes particuliers sous eux.

Il est vray que despuis M le Lieutenant General et le procureur du Roy du siege ont assisté aux deliberations qui ce sont toujours tenues dans la maison du greffier de l’hostel de ville qui est greffier du bureau et a la garde du registre, c’est ce quy donne lieu au Lieutenant General de dire qu’il est encore aujourdhuy premier directeur dud hospital.

Il n’y a point de lettres patantes pour autoriser l’hospital general, en sorte que l’hospital doit estre regardé comme hospital particullier dans son premier estat.

Les choses sont dans cet estat. Il y a actuellement deux economes dont l’un nommé Lafargue donne par ordre du maire des billets au gardien de l’hospital pour recepvoir les pauvres passans ausquels on ne donne que le couvert et de la paille ; il y a quelques mauvaises paillasses sur les bois de lit quy sont existans.

L’autre econome nommé Bernard Promo ? A la garde des papiers, par l’examen desquels et les memoires quy ont esté fournis au Subdelegué il paroist que l’hospital a 273# 12 s de revenu, cette somme est dhue par differants particulliers. Ces revenus sont touchés par le Sr Huon recepveur de l’hospital nommé par les directeurs.

La negligence de ceux quy ont administré l’hospital est cause que beaucoup de rantes effets certifié ce sont perdus, on y pourroit encore remedier sy l’administration est confiée à des personnes en estat de ne pas mesnager des gens de Cognac que l’on ? toucher des biens.

On peut loger dans les bastimans de l’hospital quatre vingt ou cent pauvres, les apartemans sont disposés de maniere qu’on peut fort bien separer les hommes davecq les femmes.

La nourriture de chasque pauvre pourra couster par jour suivant le prix commun des danrées cinq à six sols.

On croit cet hospital necessaire à Cognac où il n’y en a point d’autre, et où il y a nombre de pauvres abandonnés que l’on voit quelques fois mourans dans les rues et sans secours. Ils y auroient une retraite sy led hospital estoit entretenu, avecq un gardien quy en auroit soin.

Pour le mettre en estat il faudroit faire quelques cloisons, avoir des bois de lit, des paillasses, des banslins et des couvertes, mais comme tous les revenus sont reduits à 200# ou environ ayans esté faits les remboursemens en billets de banque de partie des fonds dud hospital, lesquels billets sont entre les mains des directeurs. Il faudroit un supplement de revenu tant pour l’entretien des bastimens, que des pauvres et autres epargnes.

Le moyen de parvenir à ce … (document déchiré, mots manquants)
et revenu sont daugmenter l...
chose sur octrois dont il faut...
estats au maire et eschevins.

Sy par cette augmentation on pouvoit procurer à Cognac un establissement de deux soeurs de la charité ou soeurs grises, quy auroient soin de l’hospital et des pauvres, ce seroit un grand bien pour la ville. Les bastimens sont sufisants pour leur faire un logemant convenable differend de celuy des pauvres.

L’hospital dans l’estat daujourdhuy ne sert qu’à y loger des passans ausquels on fournit seullement de la paille et quelques fois des allimans à ceux qui ce trouvent en avoir besoin. Voilla toutte la despance.

Et comme il n’est pas possible que le revenu actuel soit tout employé chasque année à des despances sy modiques, il seroit necessaire de faire randre compte par lesd administrateurs ou recepveurs de la recepte et despance. Peut estre se trouveroit il de quoy faire un petit fonds pour quelque emploi en faveur des pauvres.

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